Le fait d'avoir cédé à la demande insensée des députés d'alors
pour
donner des passeports diplomatiques à leurs épouses
a ouvert la porte à toutes les dérives. Et cela risque de
décridibiliser
davantage le passeport
Macky Sall : De la Présidence à une Simple Députation, un Retour Étonnant
Après 24 ans passés au cœur du pouvoir, où il a occupé les postes les plus prestigieux du Sénégal – de Directeur général de Petrosen à Premier ministre, en passant par ministre des Mines, de l’Intérieur, et président de l’Assemblée nationale – Macky Sall a, durant les 12 dernières années, occupé le poste ultime : celui de président de la République. Pourtant, moins de cinq mois après avoir quitté cette fonction, le voilà qui revient, non pas pour briguer un nouveau mandat présidentiel, mais pour un poste de simple député.
Ce retour suscite l'étonnement, voire l'incompréhension. Comment expliquer qu’un homme ayant régné si longtemps sur l’appareil d’État, après avoir quitté le pouvoir avec tous les privilèges réservés aux anciens présidents, cherche à revenir à un poste aussi modeste ? Et ce qui intrigue encore plus, c'est l'alliance surprenante qu'il a forgée avec des figures qu'il a autrefois combattu avec acharnement. Macky Sall s'allie désormais avec Karim Wade, qu'il a fait emprisonner pendant plusieurs années avant de l’exiler au Qatar, ainsi qu’avec Khalifa Sall, qu'il avait également incarcéré, non sans humiliation publique.
La Tradition Brisée
Cette démarche brise une tradition bien établie au Sénégal, celle de la neutralité des anciens présidents vis-à-vis de leurs successeurs. Léopold Sédar Senghor a respecté cette tradition vis-à-vis d’Abdou Diouf, qui a lui-même fait preuve de réserve envers Abdoulaye Wade. Même ce dernier, malgré les frictions avec Macky Sall et l'emprisonnement de son fils, a observé une certaine distance politique après son départ. Ce comportement de Macky Sall rompt ainsi avec une pratique qui, jusque-là, avait permis une continuité institutionnelle pacifique au sommet de l’État.
Un Bilan Sombre
Le règne de Macky Sall a été marqué par des événements tragiques et des choix politiques controversés. Sous sa présidence, le Sénégal a été le théâtre de violences qui ont coûté la vie à des centaines de jeunes. Des milliers de personnes ont été emprisonnées, notamment lors des périodes de contestation. En parallèle, son mandat a été entaché par des accusations de corruption massive et de pillage des ressources publiques. Des contrats miniers opaques, l’octroi suspect de licences de pêche et d'autres accords économiques douteux ont créé un sentiment de spoliation des ressources nationales.
Un tel bilan fait naître une interrogation : pourquoi Macky Sall, après avoir exercé tant de pouvoir, cherche-t-il à revenir au premier plan sous la forme d'une députation, un poste bien en deçà de ses anciens privilèges ?
Hypothèses sur ce Retour
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce retour inattendu. La première, et probablement la plus plausible, est liée à la question de la reddition des comptes. Le nouveau pouvoir en place semble décidé à faire la lumière sur les actes posés par l’administration Sall, notamment en matière de gestion des finances publiques et de droits de l'homme. Or, une telle entreprise nécessite une majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale pour mettre en place une cour de justice apte à juger les anciens présidents et ministres.
En se portant candidat à la députation, Macky Sall pourrait tenter de peser sur le vote, notamment en mobilisant le vote ethnique, afin d'empêcher l'obtention de cette majorité absolue. Il s'agirait d'une manœuvre visant à bloquer toute tentative de poursuite judiciaire à son encontre.
En outre, il faut également prendre en compte le fait que Macky Sall a été cité à la Cour Pénale Internationale (CPI) pour des crimes commis sous son règne, notamment les atrocités survenues lors des périodes de répression politique. En se faisant élire député, il pourrait chercher à se prémunir contre de potentielles poursuites internationales, en exploitant les immunités ou les protections que son nouveau statut pourrait lui conférer.
Une Stratégie Condamnée à l’Échec
Cependant, la population sénégalaise ne semble pas disposée à se laisser berner par cette nouvelle volte-face de Macky Sall. La lassitude générale vis-à-vis de ses manœuvres politiques et le désir d’un renouveau démocratique sont palpables. Ce retour, perçu par beaucoup comme une tentative de se protéger de la justice, risque de se heurter à une forte opposition populaire.
Le PASTEF, sous la direction d’Ousmane Sonko, a déjà montré sa capacité à mobiliser les foules et à expliquer clairement les enjeux politiques. Sonko et ses partisans sauront sans doute mettre en lumière ce retour comme une fuite en avant de Macky Sall, une tentative désespérée d’échapper à ses responsabilités devant la justice sénégalaise et internationale. Durant la prochaine campagne législative, il est certain que PASTEF expliquera cette stratégie comme une trahison de plus envers le peuple sénégalais et un moyen de bloquer le processus de transparence que beaucoup attendent.
Les Conséquences d’une Telle Manœuvre
En tentant d'échapper à la justice, Macky Sall envoie un signal dangereux. Ce comportement peut être interprété comme un aveu implicite de culpabilité. En refusant de se soumettre à l’examen des institutions judiciaires, il renforce l’idée qu’il cherche à cacher des malversations graves, ce qui pourrait entacher encore davantage son image auprès de la population.
Historiquement, d'autres anciens présidents ont tenté de fuir leurs responsabilités après avoir quitté le pouvoir. L’exemple de Charles Taylor du Libéria, qui a cherché à éviter son jugement pour crimes contre l'humanité, est éloquent. Finalement arrêté et jugé, il a été condamné à 50 ans de prison. D'autres leaders africains, comme Hissène Habré du Tchad, ont également tenté de se soustraire à la justice internationale, mais leur échec n’a fait qu’accélérer leur chute.
Si Macky Sall persiste dans cette voie, il risque de s’isoler davantage sur la scène nationale et internationale, et de laisser un héritage marqué par la défiance et l’opprobre. Le Sénégal, qui a longtemps été considéré comme une référence démocratique en Afrique, pourrait voir son image ternie par un tel comportement, alors que le peuple, lui, aspire à un avenir fondé sur la transparence, la justice et la responsabilité
Ndongo Leye Zone B Dakar
Le fait d'avoir cédé à la demande insensée des députés d'alors
pour
donner des passeports diplomatiques à leurs épouses
a ouvert la porte à toutes les dérives. Et cela risque de
décridibiliser
davantage le passeport
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Sénégal Pays où l’opportunisme et le retournement de veste ne tuent pas
Le fait d'avoir cédé à la demande insensée des députés d'alors pour donner des passeports diplomatiques à leurs épouses a ouvert la porte à toutes les dérives. Et cela risque de décridibiliser davantage le passeport
Macky Sall : De la Présidence à une Simple Députation, un Retour Étonnant Après 24 ans passés au cœur du pouvoir, où il a occupé les postes les plus prestigieux du Sénégal – de Directeur général de Petrosen à Premier ministre, en passant par ministre des Mines, de l’Intérieur, et président de l’Assemblée nationale – Macky Sall a, durant les 12 dernières années, occupé le poste ultime : celui de président de la République. Pourtant, moins de cinq mois après avoir quitté cette fonction, le voilà qui revient, non pas pour briguer un nouveau mandat présidentiel, mais pour un poste de simple député. Ce retour suscite l'étonnement, voire l'incompréhension. Comment expliquer qu’un homme ayant régné si longtemps sur l’appareil d’État, après avoir quitté le pouvoir avec tous les privilèges réservés aux anciens présidents, cherche à revenir à un poste aussi modeste ? Et ce qui intrigue encore plus, c'est l'alliance surprenante qu'il a forgée avec des figures qu'il a autrefois combattu avec acharnement. Macky Sall s'allie désormais avec Karim Wade, qu'il a fait emprisonner pendant plusieurs années avant de l’exiler au Qatar, ainsi qu’avec Khalifa Sall, qu'il avait également incarcéré, non sans humiliation publique. La Tradition Brisée Cette démarche brise une tradition bien établie au Sénégal, celle de la neutralité des anciens présidents vis-à-vis de leurs successeurs. Léopold Sédar Senghor a respecté cette tradition vis-à-vis d’Abdou Diouf, qui a lui-même fait preuve de réserve envers Abdoulaye Wade. Même ce dernier, malgré les frictions avec Macky Sall et l'emprisonnement de son fils, a observé une certaine distance politique après son départ. Ce comportement de Macky Sall rompt ainsi avec une pratique qui, jusque-là, avait permis une continuité institutionnelle pacifique au sommet de l’État. Un Bilan Sombre Le règne de Macky Sall a été marqué par des événements tragiques et des choix politiques controversés. Sous sa présidence, le Sénégal a été le théâtre de violences qui ont coûté la vie à des centaines de jeunes. Des milliers de personnes ont été emprisonnées, notamment lors des périodes de contestation. En parallèle, son mandat a été entaché par des accusations de corruption massive et de pillage des ressources publiques. Des contrats miniers opaques, l’octroi suspect de licences de pêche et d'autres accords économiques douteux ont créé un sentiment de spoliation des ressources nationales. Un tel bilan fait naître une interrogation : pourquoi Macky Sall, après avoir exercé tant de pouvoir, cherche-t-il à revenir au premier plan sous la forme d'une députation, un poste bien en deçà de ses anciens privilèges ? Hypothèses sur ce Retour Plusieurs hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce retour inattendu. La première, et probablement la plus plausible, est liée à la question de la reddition des comptes. Le nouveau pouvoir en place semble décidé à faire la lumière sur les actes posés par l’administration Sall, notamment en matière de gestion des finances publiques et de droits de l'homme. Or, une telle entreprise nécessite une majorité absolue au sein de l’Assemblée nationale pour mettre en place une cour de justice apte à juger les anciens présidents et ministres. En se portant candidat à la députation, Macky Sall pourrait tenter de peser sur le vote, notamment en mobilisant le vote ethnique, afin d'empêcher l'obtention de cette majorité absolue. Il s'agirait d'une manœuvre visant à bloquer toute tentative de poursuite judiciaire à son encontre. En outre, il faut également prendre en compte le fait que Macky Sall a été cité à la Cour Pénale Internationale (CPI) pour des crimes commis sous son règne, notamment les atrocités survenues lors des périodes de répression politique. En se faisant élire député, il pourrait chercher à se prémunir contre de potentielles poursuites internationales, en exploitant les immunités ou les protections que son nouveau statut pourrait lui conférer. Une Stratégie Condamnée à l’Échec Cependant, la population sénégalaise ne semble pas disposée à se laisser berner par cette nouvelle volte-face de Macky Sall. La lassitude générale vis-à-vis de ses manœuvres politiques et le désir d’un renouveau démocratique sont palpables. Ce retour, perçu par beaucoup comme une tentative de se protéger de la justice, risque de se heurter à une forte opposition populaire. Le PASTEF, sous la direction d’Ousmane Sonko, a déjà montré sa capacité à mobiliser les foules et à expliquer clairement les enjeux politiques. Sonko et ses partisans sauront sans doute mettre en lumière ce retour comme une fuite en avant de Macky Sall, une tentative désespérée d’échapper à ses responsabilités devant la justice sénégalaise et internationale. Durant la prochaine campagne législative, il est certain que PASTEF expliquera cette stratégie comme une trahison de plus envers le peuple sénégalais et un moyen de bloquer le processus de transparence que beaucoup attendent. Les Conséquences d’une Telle Manœuvre En tentant d'échapper à la justice, Macky Sall envoie un signal dangereux. Ce comportement peut être interprété comme un aveu implicite de culpabilité. En refusant de se soumettre à l’examen des institutions judiciaires, il renforce l’idée qu’il cherche à cacher des malversations graves, ce qui pourrait entacher encore davantage son image auprès de la population. Historiquement, d'autres anciens présidents ont tenté de fuir leurs responsabilités après avoir quitté le pouvoir. L’exemple de Charles Taylor du Libéria, qui a cherché à éviter son jugement pour crimes contre l'humanité, est éloquent. Finalement arrêté et jugé, il a été condamné à 50 ans de prison. D'autres leaders africains, comme Hissène Habré du Tchad, ont également tenté de se soustraire à la justice internationale, mais leur échec n’a fait qu’accélérer leur chute. Si Macky Sall persiste dans cette voie, il risque de s’isoler davantage sur la scène nationale et internationale, et de laisser un héritage marqué par la défiance et l’opprobre. Le Sénégal, qui a longtemps été considéré comme une référence démocratique en Afrique, pourrait voir son image ternie par un tel comportement, alors que le peuple, lui, aspire à un avenir fondé sur la transparence, la justice et la responsabilité Ndongo Leye Zone B Dakar
Le fait d'avoir cédé à la demande insensée des députés d'alors pour donner des passeports diplomatiques à leurs épouses a ouvert la porte à toutes les dérives. Et cela risque de décridibiliser davantage le passeport
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